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Abeille domestique |
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Abeille domestique
" Les abeilles ont été si célébrées par les
naturalistes, tant anciens que modernes, on en a raconté tant de merveilles qu’on
est généralement convaincu qu’elles sont, de tous les insectes et peut-être
de tous les animaux, ceux à qui notre admiration est due à plus d’un titre.
Nous découvrirons bien du faux dans le merveilleux dont on a voulu leur faire
honneur. Le faux merveilleux qui leur a été attribué sera remplacé par du
merveilleux réel qui a été ignoré. "
Réaumur.
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Apis mellifera, pour les intimes,
appartient à lordre des Hyménoptères (ailes membraneuses, organe piqueur
défensif pour les femelles : les fourmis appartiennent aussi à cet
ordre) et, au
sein de celui-ci, à la super-famille des Apoïdea (20000 espèces nectarivores et
pollinisatrices).
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On y remarque un genre : Apis, regroupant 4
espèces : 3 sont limitées à lInde et lAsie du Sud-Est, et
lautre, Apis mellifera, qui a une distribution beaucoup plus grande, montre un
certain nombre de races connues des apiculteurs européens, telles que labeille
noire A. m. mellifera française, lItalienne abeille jaune A. m. lingustica et
lest européenne A. m. carnica (abeille carniollienne).
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Le miel est le produit d’une
alchimie complexe résultant de la transformation du nectar des
fleurs. Magie maligne, le nectar est, à l’origine, un stratagème
végétal. Produit par la fleur, il a pour mission d’attirer les
insectes pollinisateurs qui dissémineront les semences(le pollen) de la
plante. La plupart des insectes véhiculent le pollen involontairement. L’abeille,
elle, le récolte dans des " paniers " présents sur
ses pattes postérieures.
Revenons à notre " nectar ". Après l'avoir aspiré au
moyen de sa trompe, et l’avoir stocké dans son jabot (elle collecte sur
plus
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de 1000 fleurs un fardeau pouvant peser 70 mg,
alors quelle pèse 80 mg à vide), labeille rentre au nid.
Là, elle
régurgite le précieux liquide à une de ses compagnes, qui va le faire transiter à
plusieurs reprises entre sa bouche et son jabot. Ce transit, à laide dune
substance appelée invertine, va modifier les sucres qui composent le nectar.
Louvrière le dépose alors dans une cellule, qui sera scellée une fois
pleine. La
transformation va se poursuivre dans cette " éprouvette " de
cire,
pour finalement donner le miel, tant convoité par les hommes.
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Le pollen, quand à lui, servira principalement à
nourrir les petits, mais nentre pas dans la fabrication du miel.
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Les abeilles dans la ruche sont
hiérarchisées selon deux grands critères : la caste et lâge.
::: La caste :
Chez Apis mellifera, on distingue trois
castes :
.:. la reine, qui a pour principale tâche de pondre des millions
douvrières et de faux-bourdons.
.:. les mâles ou faux-bourdons, qui se laissent
dorloter en attendant lessaimage.
.:. et enfin les ouvrières, stériles, qui remplissent toutes
les autres tâches, du balayage à la cuisine, selon leur âge. Les ouvrières sont des
femelles (sinon, on les aurait sans doute appelées
"ouvrier"...)
::: Lâge :
Les ouvrières neffectuent donc pas
les mêmes tâches selon quelles sont plus ou moins âgées. Ces tâches
correspondent en fait à des différences morphologiques (certaines glandes se résorbent
ou au contraire se déclenchent selon lâge).
On peut diviser leur vie en trois grandes phases :
.:. du 1° au 10°
jour, l’ouvrière est balayeuse, attachée au nettoyage de la ruche.
Pendant cette période, elle sont aussi nourrices (elle produisent la gelée
royale, indispensable aux larves, à partir du 3° jour).
.:. du 10° au 20° jour, elle se change en
" magasinière ", elle stocke le pollen ramené par ses
aînées, et
construit grâce à ses glandes cirières ces alvéoles à la géométrie si
particulière, puis, sur la fin, elle est nommée " agent de sécurité ",
et surveille les entrées et les sorties.
.:. puis du 20° jour jusquà la mort
sétend la phase du ravitaillement. Louvrière âgée va faire les courses, de
fleur en fleur, pour ramener du pollen et du nectar.
Elle concerne uniquement les ouvrières ravitailleuses. Lorsque celles-ci découvrent une source importante de
nourriture, elle
reviennent à la ruche et, à laide de la danse en huit décrite en 1973
par lautrichien Karl von Frisch, elle parviennent à indiquer lendroit exact
de la précieuse manne !
Le langage est en fait facile à comprendre. On peut
distinguer deux cas de figures en fonction de la distance entre la source de
nourriture et la ruche :
lorsque
la source est proche :
l'abeille effectue une danse en rond, sans indication de direction. Ses
"collègues" iront chercher les fleurs dans les environs immédiats de
la ruche, à l'odeur.
lorsque la source est à plus de 100m :
l'abeille effectue une danse en huit (ici renversé) en faisant frétiller son
abdomen. Lorsque l'axe du huit est vertical et dirigé vers le haut (sur le
rayon de la ruche), la source est dans la direction du soleil. Lorsque ce même
axe est vertical mais dirigé vers le bas, la source est dans la direction
opposée au soleil. Si cet axe est dirigé, par exemple, de 60° à gauche de la
verticale, la direction de la source est à 60° à gauche du soleil. Ce système
fonctionne d'ailleurs par tous les temps puisque l'abeille voit le soleil même
à travers les nuages.
Cette danse permet également d'indiquer précisément la distance séparant la
source de la ruche. Plus la vitesse est grande, plus la source est proche.
Ainsi, pour une fleur distante de 100m, l'abeille effectuera 10 tours en 15
secondes. Pour 500m : 6t/15s. Pour 5000m : 2t/15s.
Arrivée sur les lieux, ses congénères trouveront l'endroit exact grâce à
l'odeur de la messagère qui correspondait à l'endroit, ainsi qu'à
l'échantillon de nectar qu'elle leur a donné.
Les
abeilles possèdent deux types d’yeux. Les ocelles ou yeux simples leur
permettent de retrouver leur chemin par rapport au soleil, et les yeux
composés, grâce auxquels elle choisissent, entre autres, les fleurs qu’elles
vont butiner. Ces gros yeux ne perçoivent pas le rouge (surtout aux carrefours)
mais captent très bien les ultraviolets (UVs). Ainsi les fleurs rouges sont
relativement rares, alors que la plupart on adopté des couleurs absorbant les
rayons UVs, afin d’attirer les bénéfiques insectes. De
plus elle peuvent mesurer la distance qu'elles parcourent, par exemple
entre un fleur et leur ruche, grâce au nombre d'images que leurs yeux
auront perçues pendant le trajet. Enfin les abeilles perçoivent la
lumière tamisée, ce qui leur permet de repérer le soleil même à
travers une couche de nuages. Pratique non?

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La
reproduction
La reproduction dans la ruche est en temps
normal le seul fait de la reine. Elle sécrète en effet une substance qui a pou effet de
rendre les ouvrières stériles.
Cependant, certaines périodes peuvent voir la
colonie atteindre une masse critique. La " reine mère " produit alors
de jeunes reines, dont une seule survivra (après avoir froidement supprimé ses
soeurs) et restera dans la ruche,
puis accomplit ce que les apiculteurs
nomment l'essaimage.
Lancienne reine quitte donc son
" chez soi " en compagnie dune partie des ouvrières, et se pose
dans un premier temps a proximité de la ruche, pendant que des
" éclaireuses " partent à la recherche dun site favorable. La
vie reprendra alors son rythme habituel, jusquau prochain essaimage.
N. B : Les apiculteurs prévoient en
général ce départ en masse et sarrangent pour capturer les abeilles à leur
sortie.
La croyance populaire place lours en
première ligne des prédateurs de la ruche. Du fait de sa rareté, il est en fait assez
peu à craindre. De la même manière, les guêpes, mésanges, hirondelles, guêpiers et
autres grenouilles ne prélèvent jamais que quelques individus, pour se
nourrir. A citer
tout de même la Bondrée Apivore, rapace qui, comme son nom lindique, se nourrit
préferentiellement dabeilles. Les seuls véritables ennemis de la ruche,
menace potentiellement sérieuse pour les abeilles, viennent en fait de lintérieur.
En effet, des parasites comme la fausse-teigne, le poux des abeilles et autres varroa sont des dangers beaucoup plus
insidieux, puisque difficiles à détecter. Il convient également de retenir,
puisquil est dactualité, le tristement célèbre
" GAUCHO " (insecticide et pesticide) qui à lui seul fait
certainement autant de dégâts que tous les prédateurs naturels réunis, ce
qui met en danger nombre de d'apiculteurs.
::: Les
abeilles et lhomme :
Le miel, quil soit prodigué par
labeille domestique ou par des espèces voisines, a longtemps constitué
lunique source de sucre disponible pour lhomme. Au " chasseur de
miel ", destructeur de nids, a succédé lapiculteur fournissant un abri
aux abeilles et ne prélevant dans la ruche que le surplus de la précieuse
denrée.
Les plus anciennes traces de domestication
remontent à lAncien Empire, en 2400 av. J.-C. Les ruches étaient alors en roseaux
tressés, technique pérennisée aujourdhui sur les bords du Nil.
Dressons
un petit inventaire
des ruches existantes ou ayant existé :
Les premières ruches, horizontales, verticales,
copiaient un arbre creux. Elles ont beaucoup évolué jusquà nos
jours. Cette
évolution suit en fait les différentes pratiques apicoles, et est très différente
selon les peuples et les cultures.
Au commencement était la ruche tronc, formée de
la partie sciée dun arbre creux. Ce
procédé très rudimentaire a eu
des
améliorations telles que la ruche caisse ou la ruche en paille tressée. Mais le
véritable progrès est venu de la " hausse ", système qui
permet
de récolter le miel sans provoquer de conséquences dramatiques pour la
colonie. Système
à nouveau modernisé avec larrivée la ruche à cadre mobile. Les abeilles
construisent leurs rayons sur un support amovible, aisément retirable par
lapiculteur. On pourra même y ajouter une feuille de cire gaufrée, sorte de guide
à la fabrication qui lancera définitivement les abeilles sur la voie de la
domestication.
Cette pratique, très ancienne (on en retrouve des
traces jusquau Mésolithique), nest aujourdhui plus pratiquée que par
les Gurungs, peuple vivant dans les contreforts de lHimalaya. Elle consiste à
arracher les gâteaux de miel au nid, avec pour simple protection une cape de
laine.
Elle est cependant beaucoup moins intéressante que lapiculture, et moins
respectueuse des nids.
Les Égyptiens confectionnaient déjà des gâteaux
à laide de farine et de miel et, selon la bible, la manne céleste nétait
pas composée dautre chose. Au cours de lAntiquité grecque et romaine, le
miel, présent sur toutes les tables, était employé pour les sauces comme pour les
desserts.
Le melikraton (melikraton), boisson à base de lait et
de miel, était communément donné aux enfants grecs pour ses vertus fortifiantes. Quand
aux hydromels et autres breuvages résultant de la fermentation du miel, il nest pas
de civilisation à abeilles qui nen ait eu connaissance.
Dans la mythologie scandinave en particulier,
lhydromel est la boisson des dieux et des héros mythologiques. La " lune
de miel " correspondait chez ces peuples du nord de lEurope à la
quantité de vin de miel nécessaire pendant un mois à un couple de jeunes mariés.
Seul matériau plastique qui ait longtemps été
disponible, la cire est considérée dès lantiquité comme une denrée de haute
valeur. Elle sert à sceller des récipients alimentaires, modeler des statuettes et est
même utilisée en sorcellerie. Peu à peu, son usage va se limiter aux besoins de
léclairage. Les dépenses de léglise en cierges sont fastueuses et la
fabrication des bougies réservée à de riches élites. Au 18° siècle, dans
lEncyclopédie, Diderot et dAlembert sinquiètent de la trop forte
consommation européenne de cire. Le 19° siècle, avec les succédanés demandés par les
écrivains, sonnera le glas des industries cirières. Viendront bientôt pour les achever
léclairage au gaz et lélectricité.
_"Un intrus à été signalé dans la ruche!
Activons nos défenses! Gardes, tous à vos postes!"
Rapidement, les
ouvrières prennent le dessus sur la guêpe et la tuent. Seulement, impossible de
déplacer son corps! Le cadavre risque de se décomposer, et de répandre des
infections !
_" Pas de panique ! " répond la propolis.
Récolté sur les bourgeons et lécorce de
certains arbres et transformée par les ouvrières, ce matériau spécial va enduire le corps de la
défunte intruse, et lempêcher de se décomposer. Il servira également à dresser
des barrières de protection contre les guêpes à venir.
La propolis a été employée depuis des siècles
dans la fabrication de vernis, notamment pour enduire les luths et les
violons. De nos
jours, on lutilise surtout pour ses propriétés anesthésiques et cicatrisantes,
pour les soins vétérinaires.
Encore une invention formidable de Dame Nature,
capable de découvrir les antibiotiques avant que les hommes y aient seulement pensé.
Une raison de plus de l'observer et de la protéger, dans l'espoir d'y trouver d'autres
merveilleuses
inventions!
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